
Dans ce monde fragile, fou, absurde aussi… nous pratiquons quelques soudures, réveillons quelques connexions afin de ne pas exploser tout à fait, afin de tenir ensemble, debout et en mouvement, encore un peu…
Notre bonne vieille pensée occidentale, à force de tout séparer – la tête et le corps, l’humain et la nature, la philosophie et les mathématiques, le dessin et l’écriture, la ville et la campagne, le jeu et la vie, l’enfant et l’adulte, la science et l’art – morcelle, divise, fracture sans relâche, fabrique des bouts de savoirs, des bouts d’espace et des bouts d’humanités opposés les uns aux autres, puis des vies isolées sans queue ni tête, puis de la détresse, et de la violence.
À qui s’adresser pour ne pas se perdre dans ces milliers de cases? Au bon sens du médecin de famille? À la chimie? À Freud? Lacan? À la philosophie? À Google? Au chamane du coin? Au curé? À la sorcière? Aux ancêtres? À l’acupuncteur?L’énergéticienne? L’exorciste? L’astrologue? L’imam? La voisine? Tous à la fois? Pourquoi pas? Il nous semble que l’espèce humaine cherche assistance.
C’est dans ce monde-là, féru de thérapie, perdu, excessif, clivé entre matérialité et spiritualité, en quête de sens, de tissages collectifs que nous inventons les consultations artistiques, ces petites formes improvisées à la croisée de la performance, du happening et de la simple rencontre, légères en apparence, qui au fond transportent ces fêlures en jouant avec elles.
Derrière l’humour certain qui habite ce projet, la jubilation que nous avons à le mettre en œuvre et à le déplier, il y a l’envie furieuse de réfléchir à notre façon de penser la santé, de réveiller les liens assoupis, de mettre en action nos savoirs anciens, les savoirs animistes et nos si actuels protocoles sanitaires, il y a l’envie folle de jouer avec toutes ces matières pour créer une pâte inédite.
Et enfin, il y a dans ce projet le besoin urgent de redonner de la profondeur, du volume et de la saveur aux interactions humaines en soignant toute la part invisible qui les anime.